La FNAC n’est vraiment pas une entreprise comme les autres : l'annonce du Figaro du 31 octobre de l’arrêt de la vente de musique dématérialisée depuis fnacmusic.com en est la preuve.
Le physique aura survécu au téléchargement dans l’enseigne
française. Miracle de l’exception culturelle française.
Retour sur une séparation annoncée.
Ça fait des années qu’à chaque fois que vous mettez deux
distributeurs dans une même pièce, raisonne le même refrain. La FNAC a lancé
(encore) une étude pour voir si c’était pertinent d’arrêter de vendre des CD.
Et la réponse des cabinets d’expert étaient la même. Continuez !
Le contenu est un produit d’appel pour
vos clients donnant une image culturelle et sérieuse au magasin de Tv et de
téléphone. Comprenez, c’est plus classe d’acheter sa TV ou son téléphone à la
FNAC qu’à Surcouf.
Un divorce qui ne dit pas son nom
Il suffit de passer quelques mois du côté de la distribution
physique de CD pour comprendre la rupture entre la musique et la FNAC ne date
pas d’hier. Centralisation des achats d’office sur certains magasins (catégorie
C et D) et donc impossibilité de commander certaines références dans ces dit
magasins. Impossibilité aussi de faire du réassort car les stocks sont
centralisés. Si la FNAC d’Avignon a vendu tous ses albums d’intel, elle ne peut
en recommander car il en reste à la FNAC de Bourges. CQFD.
Réduction des espaces de ventes, stratégie de grandes
surfaces (et pas que les marges arrières) faites sans le style d’un bon vieux
Carrefour. A cela ajoutez les changements de directions à tous niveau au moins
tous les ans, et vous aurez un aperçu de ce qu’est la FNAC, cet agitateur de
talent.
Quand être en centre-ville devient un défaut
Une marque, FNAC pour 3 produits sans véritable liens :
fnacmusic.com, fnac.com et un réseau de magasins, plutôt en centre-ville.
En 10 ans, l’agitateur culturel a réduit l’espace de vente
du CD pour d’abord le DVD pour l’écran plat puis enfin les produits high tech.
La particularité des enseignes voulant mettre en avant l’émergence avec des gilets
verts prêt à vous conseiller est devenue un mythe avec quelques rares
exceptions par-ci par-là.
En 10 ans, ses clients, plutôt bobos et étudiants, un public
de centre-ville, est sortie avec des colis de plus en plus lourds et des
factures de plus en plus grosses. Le commerce de proximités de biens culturels
s’est retrouvé en concurrence avec les grandes surfaces de la hi fi et
électroménager en proposant un nouveau challenge à ses clients : pourquoi
venir payer plus cher un écran plasma dans un magasins en centre-ville n’ayant
pas de parking ?
Le centre-ville, la force historique des FNAC qui ont au
passage éradiqué les disquaires
indépendants par cette géolocalisation, le centre-ville, cette force devient sa
principale faiblesse.
Que nenni, les FNAC apparaissent dans les zones péri
urbaines. On ferme FNAC Bastille à Paris pour ouvrir FNAC Cergy en banlieue. On réduit les
tailles des bacs, on réduits les espaces de communications pour les évènements locaux, on réduit l’espace dédié au contenu. Bref, on s’adapte.
Avec fnac.com, on agite le chiffon rouge. NON, on ne réduit
pas les références en magasin, car tout est dispo sur fnac.com. On innove aussi
avec fnac.com en créant une plateforme online concurrente de sa chaîne de
magasins n’ayant ni les mêmes produits, ni les mêmes prix.
Fnacmusic.com, ce rêve fou
Et puis il y a fnacmusic.com. ça a très mal commencé. Un
choix de format propriétaire et drmisé (le wma) un paradoxe quand on vend par
palette des iPod qui tourne au AAC.
Un processus d’achat qui a mis du temps à évoluer (une
avalanche de clic pour faire un simple achat en ligne), à des années lumières d’Amazon
ou iTunes (on disait Apple Music Store à l’époque).
Un moteur de recherche qui ne prend pas les accents. Une
recherche de la meilleure vente de l’époque, Christophe Maé, et vous tombiez
sur un disque de Yo Yo Ma jouant avec un certain soliste se prénommant
Christophe.
Fnacmusic.com a lutté pour ne pas mettre la clef sous la
porte, a lutté pour exister, pour percer, a lutté pour juste être … un sous
iTunes.
La fin de fnacmusic est somme toute assez logique. Ce gouffre
financier du groupe FNAC bien en difficulté sur tous les terrains ne va pas déchaîner les passions à sa fermeture. Un site sans lien avec l’enseigne, sans
apport.
Fort de son monopole, iTunes devient la solution de
téléchargement de la FNAC. Une aubaine pour iTunes qui pourra en savoir plus
sur le profiling des clients FNAC.
Un distributeur physique disait en 2006 :
« Vous aimez le monopole de la FNAC en distrib ? Alors
vous allez adorer Apple ! »
6 ans plus tard, le Rubicon
est franchis. Qu’on le veuille ou non, la vente de musique sur Internet en téléchargement
c’est iTunes. Un système fermé, un monopole mondial. Un leader par défaut qui
ne s’intéresse pas du tout à la valorisation du contenu et l’optimisation du
marché émergeant de la vente de musique dématérialisée.
Le marché de ma musique en ligne ne peut évoluer. C’est un
marché mort née avec un seul bénéficiaire. La grande GSS qu’est la FNAC vient d’en
tirer les conséquences.
Oui, dégager plus de 5% de marge nette avec un service de téléchargement de musique, c'est mission impossible, sauf dans les niches (et encore). Alors qu'avec de l'affiliation iTunes, ça l'est d'emblée
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