Le distributeur de musique fait figure de référence dans le monde de la distribution. Un réseau de distribution physique efficace, un réseau de boutiques dans toute la France, un site pour la VPC, des filiales dans le monde entier, un département distribution digitale en plein boum, le tout estampillé Harmonia Mundi et ses 50 ans d’existence.
Être la référence dans la distribution physique n’a jamais porté chance. En 2004/2005, Night & Day était le distributeur qui vendait du rêve. Quelle progression ! Quelle réussite ! Il déposera le bilan début 2006.
Même sort pour ce petit indépendant Nocturne qui s’arrêta en février 2009. Pourtant, comme Night & Day, Nocturne était l’exemple à suivre.
L’annonce d’un plan social chez Harmonia Mundi crispe encore plus une région déjà bien dévasté par les plans sociaux. Au menu, 38 emplois et la fermeture de 15 boutiques. Une réduction de 22 % de la masse salariale pour cette entreprise qui embauche 171 personnes.
Crise, baisse des ventes de disques, cette réduction de la voilure semble logique, pourtant ce plan social d’un secteur en crise questionne.
Harmonia Mundi fait honneur à sa réputation. Malgré la crise, elle maintient son activité et son chiffre d’affaires. Un exploit.
L’entreprise arlésienne a fusionné la logistique de sa distribution de disques avec Naïve, en grande difficulté, qui a bénéficié du réseau de magasins Harmonia pour reprendre un peu d’oxygène. Récemment c’est Discograph qui rejoignait la distribution Harmonia Mundi. Réduire le nombre de boutiques, c’est réduire les canaux de distribution possibles pour ses contenus. Et le public d’Harmonia Mundi consomme encore du physique, malgré la monté des ventes en téléchargement et l’apparition (enfin !) de formats dématérialisés à la qualité supérieure au CD et même au SACD.
L’avenir des boutiques, l’impasse d’Harmonia Mundi
Fermer des boutiques qui perdent de l’argent c’est un choix plus que logique vu la conjoncture actuelle d’un côté et la baisse continue des ventes de disques de l’autre. Même si un marché de niche existe et existera pour une musique sur support.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, c’est plus de la moitié des boutiques qui ferment (15 sur 28) sans qu’il y ait un transfert des ventes vers un disquaire concurrent, la VPC ou le numérique. Ces boutiques ne vendent que des références distribuées par Harmonia Mundi, leurs fermeture, c’est une perte sèche des ventes.
Et ce plan en annonce déjà un second pour la fermeture d’autres, (voir de toute à terme ?) boutiques.
Harmonia doit il se séparer au plus vite des points de ventes, aux risques d’engendrer des pertes sèches sur les ventes ou jouer la carte de la transition douce ?
Les boutiques sont une pierre angulaire du succès d’Harmonia Mundi et ont permis de réduire les pertes pendant les 10 dernières années. Même en perdant de l’argent, les boutiques Harmonia Mundi sont un canal de vente exclusif qui assure un volume de ventes pour les productions Harmonia Mundi comme pour les labels en distribution
L’enjeux est simple. garder des boutiques qui tendent vers le déficit mais qui assure un lieu dédié à la musique indépendante, lieu qui va prendre de plus en plus de valeur dans les années à venir ou fermeture pure et simple des boutiques ?
Assimiler les boutiques Harmonia Mundi à un espace de vente de bien culturel pour bénéficier d’aides au loyer comme le ministère souhaite le faire pour les librairies demanderait à Harmonia Mundi d’ouvrir ses rayonnages à d’autres références, majors et indépendants. Une condition sine qua non qui impliquerait une baisse des ventes des références distribuées par Harmonia Mundi.
Si le choix de la fermeture pure et simple semble être la plus logique, elle prive Harmonia Mundi d’un réseau de points de vente en centre-ville, identifié et prêt à porter le nouveau marché de musique matérialisée, un marché de niche à forte valeur ajoutée.
Harmonia Mundi est devant un choix délicat. Se priver d’un réseau de diffusion avec la fermeture des boutiques, ou les sauvegarder, et donc ouvrir les rayons aux catalogues des autres distributeurs.
La musique sur support va quitter le marché des biens de consommation courante pour être un marché de niche. Ce marché a besoin d’un réseau de lieux d’échange, de rencontre, pour chiner, parler, découvrir. Un espace proposant une expérience sociale de la musique, favorisant les découvertes qu’aucun site de VPC n’a su à ce jour créer.
Il existe un réseau non-marchand d'échange et de partage autour de collections de musique enregistrée sur supports physiques (mais pas seulement, ce serait réducteur concernant leurs missions et leurs activités) il s'agit du réseau des médiathèques publiques municipales et départementales. Un maillage territorial très dense, hélas trop souvent ignorés par le grand public et les professionnels de l'industrie musicale et les acteurs des scènes locales et régionales. Ces institutions contribuent (en dépit des contraintes de marchés publics) également par leurs achats au soutien des disquaires et des librairies musicales locales et de la filière discographique.
RépondreSupprimerClaude Samuel en parle aussi dans sa chronique sur Diapason http://blogs.qobuz.com/claudesamuel/2013/05/03/le-marche-du-disque-charles-cros-et-thomas-edison-schumann-par-yves-nat-chostakovitch-michel-garcin-et-bernard-coutaz-la-presse-toulousaine/http://blogs.qobuz.com/claudesamuel/2013/05/03/le-marche-du-disque-charles-cros-et-thomas-edison-schumann-par-yves-nat-chostakovitch-michel-garcin-et-bernard-coutaz-la-presse-toulousaine/
RépondreSupprimer